Le domaine psychosexuel de l’humiliation

Il y a quelques mois, Jane Boon, auteur de Edge Play et FemDom Fancier, était à Paris, et au cours d’un déjeuner, nous avons commencé à parler des différents styles de FemDom. C’est l’un de mes sujets préférés, et je me considère comme une Domina « Hippie Cérébrale ». Mon approche de l’humiliation érotique consiste à comprendre que mon sujet n’est pas un perdant, mais quelqu’un qui est excité par le fait d’être traité de perdant. Je ne voudrais pas avoir une séance avec quelqu’un que je n’aime pas. En revanche, j’aimerais beaucoup activer de manière répétée un interrupteur psychologique chez un soumis. Si une série de moqueries permet de le faire, je le ferai.

Cette conversation m’a fait réfléchir à la manière réfléchie dont on peut aborder l’humiliation en comprenant mieux certains des « pourquoi » de l’humiliation sexuelle. Comme la plupart des activités BDSM, ce qui semble être méchant est une forme de connexion. Voici quelques modes d’humiliation qui peuvent vous aider à replacer cette pratique dans son contexte.

L’humiliation érotique, un pont entre le sexe et la peur

Mon expérience est antidotale et de niche, mais après presque trois décennies, je me sens à l’aise pour dire que les gens sexualisent leurs peurs. La peur de l’humiliation, de l’embarras et de l’anxiété sociale traverse les cultures. Nous craignons de ne pas être acceptés. Étrangement, cette peur peut être titillée.

Lorsque la peur de l’humiliation passe à la titillation, elle se transforme en quelque chose de vulnérable. Quelle étrange convergence lorsque la peur de ne pas être accepté est acceptée dans toute sa gloire. Naturellement, les nuances diffèrent d’une personne à l’autre. Tenez compte de cette différence lors de chaque négociation préalable à la scène.

Souvent, l’humiliation érotique prend la forme d’un jeu de rôle avec une dynamique de pouvoir psychologique : élève-professeur, patient-médecin, employé-patron ou la classique maîtresse-esclave.

Conditionnement social

Pourquoi quelqu’un voudrait-il être humilié ? Pour beaucoup, l’humiliation érotique est une limite difficile à franchir, tant pour les « tops » que pour les « bottoms », qui éprouvent souvent une honte sexuelle à explorer le BDSM. Bien sûr, vous voulez élever votre partenaire, pas le démolir. Et si je vous disais que vous humiliez probablement déjà régulièrement votre partenaire et vos amis ?

Les taquineries, les plaisanteries et les « plaisanteries » à l’égard de vos amis sont des moyens typiques d’interagir et de créer des liens sociaux. Vous avez trébuché en marchant ? Rions de vos « deux pieds gauches » pendant quelques minutes, le temps que vous vous en remettiez. Malheureusement, nous connaissons tous quelqu’un qui va trop loin dans l’intimidation et la moquerie. L’art de cette interaction sociale consiste à faire ressentir les bonnes intentions en les exprimant. La grande valeur de la taquinerie sociale est de dire : « Je vois votre vulnérabilité, je l’accepte et vous êtes en sécurité dans ce groupe social ».

L’humiliation érotique peut servir un objectif similaire en matière de connexion, et n’est-ce pas là le but de toute interaction sexuelle ? La connexion. Supposons que l’on considère l’humiliation sexuelle comme une reconnaissance de la vulnérabilité de son partenaire, tout en lui permettant d’être vulnérable. Dans ce cas, elle lui permettra de se détendre davantage dans l’espace sûr de la vulnérabilité. Il se peut que quelqu’un veuille se faire passer un savon verbal. Cela peut provenir de l’expérience d’un frère ou d’une sœur qui l’aimait et le protégeait, mais qui le « harcelait » sans relâche. Au fur et à mesure que l’on développe sa « carte sexuelle », c’est-à-dire l’évolution des influences sur la sexualité d’une personne, selon Jay Wiseman, différentes associations sont faites avec la manière d’exprimer l’affection.

Prendre le pouvoir sur le traumatisme en tant que personne soumise

***TW: cet article traite du jeu racial consensuel ***

En effet, tous ceux qui pratiquent le kink et le BDSM ne viennent pas d’un lieu de traumatisme, mais le jeu dans la chambre à coucher peut aussi être un outil précieux pour traiter et assumer une expérience traumatisante.

L’humiliation raciale est, à juste titre, une limite difficile à franchir pour la plupart des dominas. Personne ne veut se voir comme un raciste. Mais le racisme existe, et il peut être traumatisant pour ceux qui en font l’expérience, causant des dommages émotionnels durables. Dans un cadre adéquat et émotionnellement favorable, le jeu de rôle racial crée une situation sûre permettant au sujet de vivre et, d’une certaine manière, de contrôler l’humiliation subie. Une négociation intense avec la personne soumise est obligatoire pour que la scène soit une scène de guérison plutôt que quelque chose qui blesse davantage.

Le traumatisme qui tourmente l’esprit d’une personne peut être joué en toute sécurité entre les mains d’un prestataire compétent. Dans ces scénarios, la frontière entre la « vraie vie » et le jeu de rôle fait du jeu un lieu sûr qui prend fin, donnant à la personne traumatisée le pouvoir sur ses expériences.

N’allez pas trop loin.

Pour que l’humiliation fonctionne, il faut reconnaître l’autre personne et savoir jusqu’où l’on peut aller. Le dominant doit bien communiquer avec le soumis et lire ses réactions dans le jeu pour savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

Quelle est la place de l’humiliation érotique dans votre parcours sexuel ?

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